Rwanda : 30 ans après le génocide, un besoin de justice et de réponses

Au Rwanda, ce lundi 8 avril 2024 marque le début de cent jours de commémorations officielles du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi. Il y a trente ans, selon les Nations unies, plus d'un million de personnes - en majorité des Tutsi, mais également des Hutu, et d'autres opposants au génocide - ont été systématiquement tuées en moins de trois mois. 61 personnes ont été condamnées par le TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda). Plus d’un million de jugements ont été rendus par les Gacaca, ces tribunaux inspirés de la pratique coutumière. Mais il reste encore des fugitifs recherchés, des personnalités en exil qui ne sont pas inquiétées et des silences qui torturent toujours les rescapés.  « Rwanda : 30 ans après le génocide, un besoin de justice et de réponses », un Grand reportage de Lucie Mouillaud et Amélie Tulet.

2024-04-09 21:00:03 Lire l'article

LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Mer de Chine, comment les Philippines organisent la réponse à Pékin ET États-Unis-Mexique: la frontière, éternel enjeu électoral

Mer de Chine : comment les Philippines organisent la réponse à PékinLes affrontements s’intensifient en mer de Chine méridionale. Alors que Pékin revendique 90% de cette zone riche en gaz naturel et en poisson. Pour faire valoir ce qu’elle considère être son droit territorial, la Chine occupe le terrain grâce à ses garde-côtes et à la présence de navires martiaux et commerciaux. Mais depuis l’arrivée au pouvoir du Président Ferdinand Marcos Jr les Philippines organisent la réplique. En se rapprochant des États-Unis et en cherchant l’aide d’autres démocraties, l’archipel cherche à attirer l’attention du monde sur la domination chinoise jugée illégitime par un tribunal d’arbitrage en 2016.Un Grand reportage de Nicolas Rocca qui s'entretient avec Patrick Adam. États-Unis-Mexique: la frontière, éternel enjeu électoralAux États-Unis, la campagne pour les élections générales de novembre prochain a commencé. Le camp républicain et le camp démocrate échangent coup pour coup. Comme à chaque scrutin, le bilan économique du président sortant est critiqué par ses adversaires. Mais rien n’occupe autant de place que la question de la gestion de l’immigration. La gestion de la frontière avec le Mexique est jugée calamiteuse par Donald Trump et son parti qui en ont fait un thème central de la campagne. Comment cela est-il vécu par ceux qui côtoient au quotidien cette frontière ?Un Grand reportage d'Aabla Jounaïdi qui s'entretient avec Patrick Adam.

2024-04-13 09:00:03 Lire l'article

Soudanais réfugiés en Égypte : l’exil sans Terre promise

C’était il y a un an, le 15 avril 2023, la guerre éclatait au Soudan entre l’armée du général Al Burhan et les Forces de soutien rapide. Depuis, 1 800 000 Soudanais ont fui leur pays. Beaucoup ont emprunté la route vers l’Égypte où leurs conditions de vie demeurent très précaires.  « Soudanais réfugiés en Égypte : l’exil sans Terre promise », un Grand reportage de Léonie Lebrun.

2024-04-16 21:00:02 Lire l'article

Mer de Chine : comment les Philippines organisent la réponse à Pékin

Les affrontements s’intensifient en mer de Chine méridionale. Alors que Pékin revendique 90% de cette zone riche en gaz naturel et en poisson. Pour faire valoir ce qu’elle considère être son droit territorial, la Chine occupe le terrain grâce à ses garde-côtes et à la présence de navires martiaux et commerciaux. Mais depuis l’arrivée au pouvoir du Président Ferdinand Marcos Jr les Philippines organisent la réplique. En se rapprochant des États-Unis et en cherchant l’aide d’autres démocraties, l’archipel cherche à attirer l’attention du monde sur la domination chinoise jugée illégitime par un tribunal d’arbitrage en 2016. « Mer de Chine : comment les Philippines organisent la réponse à Pékin », un Grand reportage de Nicolas Rocca.

2024-04-10 21:00:02 Lire l'article

24h00 sur un navire de la Marine française en mer Baltique

Après 2 mois à patrouiller dans les eaux de la mer Baltique, l’Aquitaine est de retour à Brest, grand port militaire de l’ouest de la France. L’Aquitaine, c’est ce que l’on appelle une Fremm, une frégate française multifonctions. Pourquoi la Baltique ? Il suffit de regarder une carte, tous les pays riverains sont désormais membres de l’Otan, sauf un, la Russie. On parle de mission de réassurance de l’alliance, en clair de renforcement des dispositifs militaires, ici avec 150 marins déployés. « 24h00 sur un navire de la Marine française en mer Baltique », un Grand reportage de Marielle Vitureau.

2024-04-04 21:00:04 Lire l'article

Afrique du Sud : 30 ans plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ?

En Afrique du Sud, c’est le temps du bilan pour le Congrès National Africain, l’ANC. Il y a 30 ans, des files interminables se formaient à l’extérieur des bureaux de vote du pays, pour le tout premier scrutin multiracial. Avec l’élection de Nelson Mandela, les Sud-Africains écoutaient, pleins d’espoir, les promesses de son parti, et rêvaient d’une société arc-en-ciel pour tourner la page de l’apartheid.  Aujourd’hui, la corruption et les limites des politiques publiques sont passées par là... les trentenaires à qui on avait prédit une vie meilleure ont vécu des expériences très différentes, qui reflètent les défis post-apartheid.« Afrique du Sud : 30 ans plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ? », un Grand reportage de Romain Chanson et Claire Bargelès.

2024-04-22 20:00:02 Lire l'article

LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Galice, le monde de la mer tire la sonnette d'alarme ET Le marché lucratif des perruques

Galice, avec la crise des pellets, le monde de la mer tire la sonnette d’alarmeOn parle dans ce cas de marée blanche. Le 8 décembre 2023, une tempête secoue le Toconao, porte-conteneurs battant pavillon libérien. Au large du Portugal, un container tombe à l’eau, se perd en mer et se brise… il libère un millier de sacs de pellets, des microbilles de plastique qui vont se répandre, portées par les courants, au gré des plages de Galice. Dans ce nord-ouest de l’Espagne, c’est la panique, la région vit de la pêche et tout l’écosystème est menacé. Des semaines plus tard, la marée blanche continue d’inquiéter.Un Grand reportage de François Musseau qui s'entretient avec Patrick Adam. Le marché lucratif des perruquesAu Sénégal, des voleurs ont été arrêtés avec 91 perruques de seconde main. Ils ont été condamnés fin septembre 2023 à deux ans de prison, dont trois mois ferme. Un phénomène récurrent dans la capitale sénégalaise alors que les perruques de cheveux naturels coûtent très cher.Un Grand reportage de Théa Ollivier qui s'entretient avec Patrick Adam.

2024-03-30 08:00:08 Lire l'article

«Décarboner l’industrie sidérurgique, un enjeu crucial pour la Slovaquie»

2050, c’est la date que s’est fixée l’Union européenne pour parvenir à la neutralité carbone. Mais avant la réalisation de l’étape suprême du Pacte vert en 2050, l’Union européenne impose aux 27, de réduire dès 2030 leurs émissions de gaz à effet de serre, de 55% par rapport au niveau de 1990. Pour atteindre cet objectif, la Slovaquie comme tous les pays européens, est engagée dans un processus de décarbonation de son industrie.  De notre envoyée spéciale en Slovaquie,Quand on parle de décarboner l’industrie, on cible notamment le secteur sidérurgique traditionnel qui se révèle très polluant. C’est le cas en Slovaquie, où cette activité représente un cinquième de la totalité des émissions de gaz à effet de serre du pays, avec un gros émetteur, l’usine U.S. Steel de Košice.Quand on atterrit à l’aéroport de Košice, impossible de ne pas apercevoir par le hublot les cheminées élancées et les hauts fourneaux de l’usine U.S. Steel. L’histoire récente de la deuxième ville la plus importante de Slovaquie est intrinsèquement liée à l’activité sidérurgique. Il suffit de donner notre destination au chauffeur de taxi pour que celui-ci se perde dans ses souvenirs. Son père y a travaillé, a vécu le rachat par U.S. Steel, les restructurations, les licenciements. À l’arrivée de U.S. Steel, une poussière noire d’acier recouvrait les véhicules dans les années 90, nous raconte-t-il. Le ton se fait malicieux, quand il nous précise que la pollution ne restait pas sur la ville, mais gagnait la Hongrie voisine en raison des vents du Nord ! Dans les années 2000, la poussière a disparu. L’une des exigences posées au sidérurgiste américain, lors de l’achat de l’usine était de mettre l’entreprise aux nouvelles normes européennes.C’est en l’an 2000 que U.S. Steel, qui fut longtemps le fleuron de la sidérurgie américaine, rachète le complexe slovaque après deux années en joint-venture. L’usine métallurgique n’a alors que 41 ans, car contrairement à d’autres villes industrielles, l’activité sidérurgique à Košice ne remonte pas à la révolution industrielle. C’est en 1959 que le régime communiste décide d’installer dans cette région plutôt rurale, une entreprise métallurgique qui prend le nom de Východoslovenské Železiarne (VSŽ, Métallurgies de l'Est slovaque en français).L’arrivée de cette activité bouleverse la ville, qui passe de 60 000 habitants en 1960 à 240 000 aujourd’hui.Une guérite avec une barrière marque l’entrée de l’usine. Nous la franchissons après avoir donné le nom de Juraj Varga, à l’interphone. C’est le responsable du principal syndicat de l’usine, Kovo qui regroupe 62% des salariés. Il nous a précisé la veille que pour des raisons de sécurité, c’est lui qui viendrait nous chercher. S’il a rapidement répondu à notre demande d’interview, la direction de U.S Steel, a pour sa part décliné toute rencontre.« Notre usine souffre de sous-investissements »Nous sommes mi-janvier 2024, le thermomètre est en dessous de zéro, nous rentrons rapidement dans le bâtiment central de U.S. Steel. Nous avons pris rendez-vous avec Juraj Varga en décembre pour parler avec lui de la décarbonation de l’usine, mais entre temps, une annonce qui a sidéré beaucoup de monde notamment aux États-Unis est intervenue : à la surprise générale, le 18 décembre 2023, le Japonais Nippon Steel, 4e groupe mondial, a fait une offre d’achat de U.S. Steel, l’entreprise américaine, basée à Pittsburgh en Pennsylvanie, le berceau de la sidérurgie américaine. Je l’interroge donc d’abord sur le sentiment des salariés de Košice face à ce changement de propriétaire. « C’est une bonne nouvelle – nous confie-t-il - car notre usine souffre de sous-investissements. Depuis plusieurs années, il n’y a pas eu d'investissements pour moderniser nos processus de production. Pour parler clairement, nous avons une usine du siècle dernier ».Qu’en est-il de la décarbonation de l’usine ? C’est un sujet qui préoccupe le gouvernement slovaque depuis plusieurs années. En 2019, le ministre des Finances de l’époque, Igor Matovic, avait fait le déplacement à Pittsburgh pour porter le message suivant : « La décarbonation est le seul moyen d’assurer un avenir à la filiale de Košice ». En 2021, le même ministre avait obtenu l’engagement de U.S. Steel de remplacer deux hauts-fourneaux traditionnels alimentés au coke par des fours à arc électrique, le 3e haut-fourneau n’était pas remplacé, mais modernisé. Les engagements se sont-ils concrétisés ? La réponse de Juraj Varga fuse : « Rien n'a été réalisé, même s’il y a eu annonce et médiatisation concernant la décarbonation ! Les employés sont déçus. Avec l'arrivée du nouveau propriétaire, on espère un développement positif pour l'usine ». Le responsable syndical nous précise que cela fait trois ans que les équipes planchent sur le processus de décarbonation, mais que tout est resté à l’état de plan. « D'un point de vue administratif et technique, on peut dire que l'usine est prête mais l'élément déclencheur, c’est l'argent », analyse-t-il. Le montant de la transition verte pour l’usine de Košice est en effet vertigineux, il s’élève à au moins, un milliard deux cents millions d’euros. Conscient de l’investissement que cela représente pour le groupe industriel américain, le gouvernement slovaque a œuvré auprès de Bruxelles pour obtenir des aides. 600 millions d'euros de fonds européens sont prêts à être investis, « mais il faut que l'employeur investisse la même somme et si le total s’élevait à un milliard deux cents millions d’euros, au départ, avec la flambée inflationniste et la crise énergétique c’est sans doute, maintenant, peut-être un milliard 400 millions. Nippon Steel devra dire quand et si elle est prête à investir dans ce projet », conclut Juraj Varga qui n’avait pas encore, à la mi-janvier, eu de contact avec les syndicats japonais du secteur sidérurgique.« Ce genre d’entreprise aime avoir l'air très écologique, mais en fin de compte, ce n’est très souvent que de la com »Nous rejoignons le centre-ville de Košice, avec sa large artère centrale bordée de magasins, de restaurants et de cafés. Nous avons rendez-vous avec Zuzanna Kupcova à quelques encablures de là, dans une ancienne usine de tabac transformée en café branché. La jeune femme est la coordinatrice de Klima t’a potrebuje, une toute jeune organisation écologique locale qui a vu le jour en 2021. « Quand vous allez sur le site internet de U.S. Steel, cette entreprise se présente comme très verte et très engagée dans le développement durable. Ce genre d’entreprise aime avoir l'air très écologique, mais en fin de compte, ce n’est très souvent que de la com, de l'écoblanchiment », regrette-t-elle. Zuzanna Kupcova reconnait que l’investissement financier demandé se révèle conséquent, mais elle rappelle aussi que « U.S. Steel a le taux d'émissions de CO2, le plus élevé de Slovaquie. L’entreprise est proche de la ville et a donc un impact environnemental considérable. Ce que nous voulons c’est une véritable décarbonation et pas une politique de petits pas ».  U.S. Steel, l’usine la plus importante dans la région de KošiceU.S. Steel a donc débarqué en Slovaquie en 1998, dix ans après la sortie du pays de plus de 40 ans de régime communiste (1948-1989) et six ans après la dislocation de la Tchécoslovaquie.« U.S. Steel est l’usine la plus importante pour notre région de Košice. En fait, il fut un temps où toute l'économie de la Slovaquie orientale reposait sur cette entreprise », rappelle Radislav Trnka, le président de la région de Košice. Il nous reçoit dans son vaste bureau. Hauteur sous plafond, moulures, le bâtiment qui abrite les bureaux de la présidence régionale appartient au patrimoine historique de Košice, qui fut au cours de son histoire mouvementée, dominée par les souverains hongrois. Radislav Trnka a 35 ans. En 2017, lors de sa première élection, il est devenu le plus jeune président de région de l’histoire de la Slovaquie. En quelques chiffres, on comprend l‘importance de l’usine U.S. Steel pour la région de Košice : « Actuellement, U.S. Steel emploie quelque 8 000 personnes. À cela, s'ajoutent quelque 20 000 personnes dans les entreprises de sous-traitance. C’est la plus grande usine de la Slovaquie orientale et donc un employeur important ». Pour compléter cette réalité sociale, il faut citer le chiffre d’affaires annuel de U.S. Steel Košice : environ trois milliards d'euros. Rapporté au PIB de la Slovaquie, qui est de 130 milliards d'euros, le gouverneur de la région de Košice insiste « cela représente presque deux pour cent du PIB slovaque. Vous comprenez son importance à l’échelle régionale ! ». Certes, au fil du temps, la région a développé un autre pilier économique, celui des technologies de l'information, une usine automobile Volvo s’est aussi installée, mais l'industrie sidérurgique reste essentielle pour l’économie locale. Des entreprises qui apportent une vitalité économique dans une région qui enregistre un taux de chômage inférieur à 6,5%, mais qui sont aussi source de pollution. Radislav Trnka nous explique que les entreprises de la région de Košice « produisent jusqu'à 30 % des émissions de gaz à effet de serre générées dans toute la Slovaquie ». Le gouverneur reconnait que Košice « est l'une des régions les plus polluées de Slovaquie et l’un des responsables de cette réalité peu flatteuse, c’est U.S. Steel. C'est donc le revers de la médaille de notre dynamisme économique. Statistiquement, dans notre région, l'incidence du cancer est beaucoup plus élevée en raison de la pollution de l'air ». Si la décarbonation de l’usine U.S. Steel se réalise, la Slovaquie remplira ses objectifs 2030 fixés par l’Union européenneKošice est située à l’extrémité orientale de la Slovaquie, à l’extrême opposé de la capitale. Il faut donc 5 heures de train pour rejoindre Bratislava. Le gouvernement est très impliqué depuis plusieurs années dans la décarbonation de l’usine de U.S. Steel Košice, mais également de façon plus générale de l’économie slovaque. C’est l’Institut pour la politique environnementale, rattaché au ministère de l’Écologie slovaque, qui documente tout ce processus. Kristina Mojsezova est responsable du département en charge tout particulièrement de fournir pour le gouvernement et les entreprises, une modélisation de la décarbonation, ainsi que les scénarii possibles, tout en, insiste-t-elle « toujours mettre en parallèle, la décarbonation et les conséquences économiques et sociales ». Cette préoccupation est d’autant plus présente que l'industrie sidérurgique joue en un rôle très important dans l’économie slovaque. Kristina Mojsezova précise que « près de la moitié de notre économie est plus ou moins liée à ce type d'industrie et le secteur sidérurgique est responsable de près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre en Slovaquie ». Nous en venons à l’impact de l’usine de U.S. Steel Košice. Kristina Mojsezova nous décrypte les diagrammes qu’elle nous présente : « sur cette moitié, plus d'un cinquième des émissions slovaques provient de notre production d'acier, autour principalement de l'usine de Košice ». Mais au niveau national, l’usine est le 3e ou 4e plus important employeur sur le marché slovaque, « donc, tant en termes d'emplois qu'en termes d'efforts de décarbonation, nous devons vraiment garder ces chiffres à l'esprit lorsque nous réfléchissons aux priorités dans notre effort de décarbonation de ce secteur ». Si U.S. Steel représente 20% des émissions de gaz à effet de serre produites en Slovaquie, on ne peut que s’interroger sur l’impact qu’aurait une décarbonation de cette seule usine. « Une baisse de 14% des émissions au niveau national », explique Kristina Mojsezova qui précise « la Slovaquie sera alors en mesure d'atteindre ses objectifs 2030 fixés par l’Union européenne de réduction de 55% des émissions par rapport à 1990 ». Mais malgré les efforts du gouvernement slovaque, malgré les annonces de U.S. Steel, la décarbonation n’est pas engagée « notre gouvernement tente actuellement de comprendre pourquoi, bien que le gouvernement ait alloué des fonds considérables à cette usine pour qu'elle lance sa décarbonation, aucuns travaux n'ont débuté ».  U.S. Steel s’est vu octroyer 600 millions d’euros par l’Union européenne pour remplacer deux des trois hauts-fourneaux par des fours à arc électrique : 300 millions proviennent du fonds du plan de relance et de résilience, les 300 autres millions du fonds de modernisation. « Notre gros problème – confie Kristina Mojsezova - c'est que si le fonds de modernisation court jusqu'en 2030, en revanche, le plan de relance et de résilience doit être réalisé d'ici la première moitié de 2026. Si les projets ne sont pas réalisés dans le délai, il n’y aura pas de financement et la Slovaquie ne pourra pas remplir ses engagements pour 2030. Donc, bien sûr, c’est une entreprise privée qui a le pouvoir de décision, mais notre gouvernement cherche à savoir, quelles options s'offrent à lui ». L’autre question qui se pose est de savoir si, malgré la date de 2026, Bruxelles pourrait envisager un nouveau délai et permettre aux 300 millions d’euros du fonds de relance et de résilience de rester disponibles.L’offre d’achat de U.S. Steel par Nippon Steel a créé la sidération aux États-Unis, le soulagement à Košice.Fin 2023, une inconnue de taille s’est soudainement glissée dans les négociations entre le gouvernement et U.S. Steel. Le 18 décembre 2023, la nouvelle a fait la Une des médias américains, slovaques et japonais. Nippon Steel, le 4ème groupe sidérurgique mondial a annoncé mettre sur la table près de 15 milliards de dollars pour racheter son concurrent. Jamais une telle somme n’avait été évoquée par des repreneurs éventuels. Mais cette offre de rachat a tout autant suscité la sidération aux États-Unis, qui voit son fleuron sidérurgique passer sous pavillon étranger, que le soulagement en Slovaquie, car la filiale de Košice fait bien partie de la proposition de rachat. Si, pendant des années, le regard du gouvernement slovaque s’est tourné vers l’Ouest, vers Pittsburgh, virage à 180 degrés, c’est désormais vers Tokyo que les yeux du ministre des Finances est braqué. Il va falloir reprendre les discussions en vue d’une décarbonation et sonder le potentiel nouvel acquéreur. Potentiel nouveau propriétaire… car le rachat destiné à remettre à flot l’emblématique entreprise sidérurgique américaine, fondée en 1901, heurte le patriotisme économique américain, d’autant que le pays est en pleine campagne électorale. Le siège historique de U.S. Steel est situé en Pennsylvanie, l’État de naissance de Joe Biden et un des États-clé pour la prochaine élection présidentielle. Le président sortant sait qu’il doit absolument capter le vote des travailleurs syndiqués du secteur sidérurgique. À la mi-mars 2024, Joe Biden a déclaré qu’il était « vital que l’entreprise reste détenue et exploitée au niveau national », alors que Donald Trump promet d’ores et déjà de bloquer le rachat s’il est élu.  La décarbonation et l’enjeu de la compétitivité de l’industrie slovaqueQue pense le patronat slovaque de cette décarbonation de l’industrie nationale ? Nous poussons la porte du syndicat patronal, RUZ. Son siège est situé en dehors du centre-ville de Bratislava, dans un immeuble neuf, entouré de centres commerciaux et d’autoroutes. RUZ, regroupe 1 500 entreprises issues de tous les secteurs de l’économie, de l’industrie lourde et métallurgique, aux services, banques et compagnies d’assurance. C’est Martin Hošták, le secrétaire général de RUZ, qui nous reçoit. Il nous a prévenus lors de la prise de rendez-vous qu’il n’abordera pas la question de U.S. Steel car c’est un membre de son syndicat. Nous lui demandons quel regard porte son syndicat sur la décarbonation du secteur sidérurgique : « Bien sûr, ce sera un grand changement technologique pour le secteur industriel, mais c'est coûteux, très coûteux et rien n'est gratuit dans ce monde, n’est-ce pas ? C’est la raison de notre... Je ne dirais pas hésitation, mais inquiétude, car c’est la question de notre compétitivité qui se pose. À savoir si nous resterons compétitifs après avoir investi autant de moyens financiers dans la décarbonation vis-à-vis des entreprises dans le monde qui ne sont pas soumises à des obligations aussi strictes en matière de décarbonation. Nous sommes tout à fait conscients de la nécessité d’une transition verte. Nous avons besoin du Green Deal. Mais la question est de savoir s’il ne faut pas reconsidérer les étapes et le calendrier de ces objectifs qui sont peut-être trop ambitieux. Ils pourraient avoir comme conséquences de détériorer ou de détruire nos économies. Or, nous ne pouvons pas devenir un musée industriel, l’Europe ne peut pas se passer d’industries ». Ce discours est-il entendu à Bruxelles ? Martin Hošták nous confie constater « un léger changement de rhétorique chez certains élus européens, voire des membres de la Commission. Par ailleurs, nous nous attendons a priori à ce que le Parlement européen ne soit pas aussi vert qu'il l'est aujourd'hui, à l’issue des élections de juin ». La décarbonation est-elle un sujet de préoccupation partagé par d’autres syndicats d’employeurs ? La réponse du secrétaire national de RUZ fuse : « ​​​Bien sûr ! Nous sommes, par exemple, membre de l'initiative C, un groupe informel d'organisations d'employeurs de République Tchèque, de Slovaquie, d'Autriche, de Hongrie, de Slovénie, de Croatie et maintenant de Roumanie. Nous nous réunissons tous les six mois. Si je devais faire des statistiques, je dirais qu’à chaque rencontre, l’un des principaux points abordés concerne la décarbonation. De temps en temps, nous publions des communiqués de presse communs, car en tant qu’industriels d’Europe centrale, nous partageons le même point de vue ​​​​​​​». La ville de Košice peut-elle s’imaginer un avenir sans activité sidérurgique ?Si le patronat s’interroge sur le rythme imposé par Bruxelles concernant la transition verte, d’autres à Košice voudraient profiter de ce tournant, pour faire acte d’ambition et révolutionner le tissu industriel de la région de Košice. C’est la position d’Andrej Šteiner. C’est le directeur de l’Institut du climat et du développement de Košice. Voici ce qu’il répond quand on lui demande si le remplacement des fourneaux traditionnels par des fours à arc électrique est la solution : « C’est le point de vue de U.S Steel et du gouvernement slovaque. Nous avons eu de nombreuses discussions entre experts à ce sujet. L’Institut que je représente et les experts qui pensent comme moi, estiment, pour leur part, que conserver U.S. Steel, dans notre environnement local, n’est pas une solution à long terme. Certes, c’est toujours un important pourvoyeur d’emplois, mais il faudrait une réflexion plus ambitieuse, au point de réfléchir à un avenir pour la région sans U.S. Steel. On pourrait miser sur l’industrie des technologies et de l’information moins polluantes et qui pourrait offrir autant d’emplois que U.S. Steel, à la différence qu’il s’agirait d’emplois qualifiés. La valeur ajoutée serait plus élevée que celle de U.S. Steel ».  Nippon Steel et la vallée de l’hydrogèneNippon Steel a donc annoncé en décembre 2023 une offre de rachat de U.S. Steel ainsi que de sa filiale slovaque. Les prochains mois sont consacrés à la concrétisation de cette fusion. Pour Radislav Trnka, le président de la région de Košice, qui connait l’usine, a eu accès aux rapports annuels, le constat est simple : cela fait longtemps que U.S. Steel n'a pas investi dans l'innovation. « Nous le déplorons car l'usine est devenue de moins en moins compétitive au fil des années. Quant à l’enjeu environnemental, c’était encore moins une priorité pour eux ». Quels espoirs place-t-il dans le potentiel futur propriétaire ? « ​​​​​​​En tant que président de région, je dirais donc que le rachat de l'ensemble de la multinationale par les Japonais est la meilleure chose qui pouvait nous arriver ».  Pour le président de région, dont la préoccupation reste celle de rendre l'usine, « totalement verte et propre et plus compétitive » tout en maintenant « le plus d’emplois possible, pour que la longue tradition sidérurgique dans cette région se poursuive », l’arrivée de Nippon Steel offre des opportunités. Pour alimenter les futurs fours à arc électrique, la piste d’une alimentation avec de l’hydrogène est étudiée, alors que la région de Košice réfléchit au lancement d’une vallée de l’hydrogène. « La région de Košice est probablement la plus impliquée de toutes les régions slovaques dans le développement de l’hydrogène vert. Nous avons été la première région à disposer de notre propre stratégie régionale en matière d'hydrogène, modèle dont s’est inspiré le gouvernement national ». Radislav Trnka regrette que « U.S. Steel ne s’est jamais impliqué dans ce processus » et entend aborder le sujet avec Nippon Steel. « Les Japonais sont très avancés dans les technologies de l'hydrogène. Donc, je pense que nous trouverons un terrain d'entente ».Si la fusion en négociation entre Nippon Steel et U.S. Steel heurte le patriotisme américain, à Košice, la page du sidérurgiste américain semble donc déjà tournée. Juraj Varga appelle de ses vœux « ​​​​​​​une décarbonation réussie à Košice », qui permettrait à l’usine de Košice de relever « non seulement un défi, mais de servir aussi d’exemple. C’est ce que nous espérons tous ».  DIAPORAMA 

2024-04-01 15:00:02 Lire l'article

LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Rwanda : 30 ans après le génocide, panser les blessures invisibles ET Rwanda : 30 ans après le génocide, un besoin de justice et de réponses

Rwanda: 30 ans après le génocide, panser les blessures invisiblesAu Rwanda, ce dimanche 7 avril 2024 marque le début de cent jours de commémorations du génocide contre les Tutsis. Aujourd’hui, la population rwandaise est majoritairement née après 1994. Mais toutes les générations sont marquées. Rescapés, anciens bourreaux, enfants des uns et des autres… Chacun porte en lui une part du traumatisme. Un Grand reportage de de Lucie Mouillaud et d'Amélie Tulet. Entretien avec Patrick Adam.Rwanda : 30 ans après le génocide, un besoin de justice et de réponsesAu Rwanda, ce lundi 8 avril 2024 marque le début de cent jours de commémorations officielles du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi. Il y a trente ans, selon les Nations unies, plus d'un million de personnes - en majorité des Tutsi, mais également des Hutu, et d'autres opposants au génocide - ont été systématiquement tuées en moins de trois mois. 61 personnes ont été condamnées par le TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda). Plus d’un million de jugements ont été rendus par les Gacaca, ces tribunaux inspirés de la pratique coutumière. Mais il reste encore des fugitifs recherchés, des personnalités en exil qui ne sont pas inquiétées et des silences qui torturent toujours les rescapés. Un Grand reportage de Lucie Mouillaud et d'Amélie Tulet. Entretien avec Patrick Adam.

2024-04-14 09:00:02 Lire l'article

Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autres

Peut-on considérer la prostitution comme un métier ? En Belgique, la réponse est oui ! Le royaume est devenu, en 2022, le deuxième pays au monde, après la Nouvelle-Zélande, à décriminaliser le travail du sexe... Une politique particulièrement souple, qui permet aux travailleuses et aux travailleurs du sexe d’exercer en toute légalité avec un statut d'autoentrepreneur et de bénéficier de droits sociaux. Les prostituées, qui sont très majoritairement des femmes, pourraient même à terme devenir salariées... « Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autres », un Grand reportage de Laure Broulard.

2024-04-18 20:00:02 Lire l'article

En Slovénie, la vallée de la Vipava s'adapte au changement climatique

Nichée entre les Alpes juliennes et la mer Adriatique, la vallée slovène de la Vipava subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Ses vergers, ses vignes souffrent de la sécheresse, ses habitants tentent d'y faire face par différentes actions. En images 

2024-04-25 20:00:04 Lire l'article

Camp Boiro, dans l’enfer du goulag tropical

C’était il y a 40 ans, jour pour jour, en Guinée. Après avoir renversé le régime de Sékou Touré, l’armée libérait les prisonniers des camps d’internement. Le pays découvrait alors, effaré, les récits des victimes du système répressif mis en place sous la première République. Aujourd’hui, il reste une poignée de ces survivants.  « Camp Boiro, dans l’enfer du goulag tropical », un Grand reportage de Matthias Raynal.

2024-04-03 20:00:03 Lire l'article

LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Soudan : la vie en suspens des réfugiés de Renk ET Soudanais réfugiés en Égypte : l’exil sans Terre promise

Soudan : la vie en suspens des réfugiés de RenkIl y a un an… éclatait la guerre au Soudan. Deux généraux s’affrontent pour le pouvoir. Aujourd’hui, le conflit a provoqué le déplacement de près de 8 millions et demi de personnes, selon les Nations unies. Près d’1 million et demi sont des réfugiés partis en Égypte, au Tchad, en Éthiopie ou encore au Soudan du Sud. C’est la plus importante crise de personnes déplacées au monde, dont l’impact régional est colossal.Un Grand reportage de Gaëlle Laleix qui s'entretient avec Patrick Adam. Soudanais réfugiés en Égypte : l’exil sans Terre promiseC’était il y a un an, le 15 avril 2023, la guerre éclatait au Soudan entre l’armée du général Al Burhan et les Forces de soutien rapide. Depuis, 1 800 000 Soudanais ont fui leur pays. Beaucoup ont emprunté la route vers l’Égypte où leurs conditions de vie demeurent très précaires. Un Grand reportage de Léonie Lebrun qui s'entretient avec Patrick Adam. 

2024-04-21 09:00:02 Lire l'article

Rwanda: 30 ans après le génocide, panser les blessures invisibles

Au Rwanda, ce dimanche 7 avril 2024 marque le début de cent jours de commémorations du génocide contre les Tutsis. Aujourd’hui, la population rwandaise est majoritairement née après 1994. Mais toutes les générations sont marquées. Rescapés, anciens bourreaux, enfants des uns et des autres… Chacun porte en lui une part du traumatisme.  « Rwanda, trente ans après le génocide, panser les blessures invisibles », un Grand reportage de Lucie Mouillaud et Amélie Tulet.Notre dossier : 30 ans du génocide des Tutsis au Rwanda

2024-04-08 21:00:03 Lire l'article

LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationales ET 24h sur un navire de la Marine française en mer Baltique

Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationalesL’Ouganda, pays de plus de 48 millions d’habitants, héberge la plus grande population de réfugiés du continent africain avec plus d’1,6 millions de personnes enregistrées. La raison : une politique d’accueil et d’ouverture des frontières unique au monde en place depuis plus de 60 ans. Un modèle qui n’a jamais été remis en question malgré les crises sociales, politiques, économiques qu’a vécues le pays, mais qui aujourd’hui est en danger. La multiplication des crises mondiales remet en cause son financement alors que le flux de réfugiés ne se tarit pas. Chaque jour, des Congolais qui fuient les conflits dans l’Est ou des Soudanais victimes de la guerre traversent la frontière avec comme espoir de trouver enfin la paix.Un Grand reportage de Paulina Zidi qui s'entretient avec Patrick Adam. 24h sur un navire de la Marine française en mer BaltiqueAprès 2 mois à patrouiller dans les eaux de la mer Baltique, l’Aquitaine est de retour à Brest, grand port militaire de l’ouest de la France. L’Aquitaine, c’est ce que l’on appelle une Fremm, une frégate française multifonctions. Pourquoi la Baltique ? Il suffit de regarder une carte, tous les pays riverains sont désormais membres de l’Otan, sauf un, la Russie. On parle de mission de réassurance de l’alliance, en clair de renforcement des dispositifs militaires, ici avec 150 marins déployés.Un Grand reportage de Marielle Vitureau qui s'entretient avec Patrick Adam.

2024-04-07 09:00:02 Lire l'article

LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE 25 ans après, la Serbie toujours hantée par les bombardements de l'Otan ET Les aurores boréales du Grand Nord canadien, du rêve à la réalité

25 ans après, la Serbie toujours hantée par les bombardements de l'OtanLe 24 mars 1999, l’Otan débutait ses bombardements sur la Yougoslavie dirigée par Slobodan Milosevic. Le dirigeant nationaliste serbe était accusé de préparer une nouvelle campagne de nettoyages ethniques contre les Albanais du Kosovo. Pendant 78 jours, l’Alliance bombarde principalement des cibles militaires, mais les frappes feront aussi des centaines de morts civiles. 25 ans après, le souvenir de ces bombardements est toujours aussi présent dans la société serbe. Dans une Serbie, peuplée en majorité de Slaves orthodoxes, le conflit en Ukraine a ravivé le sentiment anti-occidental...Un Grand reportage de Louis Seiller qui s'entretient avec Patrick Adam. Les aurores boréales du Grand Nord canadien, du rêve à la réalité« Les anciens racontent toutes sortes de légendes sur les aurores boréales. Ce seraient nos ancêtres, ils dansent, ils sont heureux, ils nous voient vivre, survivre, lutter, élever nos familles et être forts. Ce serait pour ça que les aurores apparaissent, pour danser. Il existe différentes histoires, celles de chasseurs qui n'arrivent pas à retrouver le chemin de la maison alors une vieille dame jette de l'eau en l'air. La lumière passe à travers et c'est comme ça que les lumières du Nord ont commencé. Comme elles vont d'Est en Ouest, les chasseurs ont pu retrouver leur chemin. » L'histoire que vous venez d'entendre, c'est Bobby Drygeese qui la raconte, il est membre d'une première nation autochtone près de Yellowknife. Des touristes viennent du monde entier dans cette ville du nord du Canada, leur but : voir les aurores boréales, ces voiles de lumière dans le ciel nocturne que l'on ne retrouve que dans les cercles polaires. Yellowknife autoproclamée capitale mondiale des aurores boréales entend réduire sa dépendance aux mines pour tourner son économie vers les lumières du Nord. Un Grand reportage de Léopold Picot qui s'entretient avec Patrick Adam.

2024-03-31 08:00:08 Lire l'article

Soudan : la vie en suspens des réfugiés de Renk

Il y a un an… éclatait la guerre au Soudan. Deux généraux s’affrontent pour le pouvoir. Aujourd’hui le conflit a provoqué le déplacement de près de 8 millions et demi de personnes, selon les Nations unies. Près d’1 million et demi sont des réfugiés partis en Égypte, au Tchad, en Éthiopie ou encore au Soudan du Sud. C’est la plus importante crise de personnes déplacées au monde, dont l’impact régional est colossal.

2024-04-15 21:40:02 Lire l'article

Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New Delhi

D’un côté, L’Aam Aadmi Party, dont le dirigeant emprisonné est érigé en martyr politique. De l’autre, le BJP qui veut conserver la capitale. En se posant en gardienne de la démocratie, l’opposition espère infliger une sanction symbolique à Narendra Modi dans la capitale. Reste à voir si cette thématique mobilise des électeurs inquiets du chômage.  De notre correspondant en Inde,Dans la cour du petit siège de L’AAP, les militants fébriles mais joyeux se prennent dans les bras. Sanjay Singh, le Lion comme on le surnomme ici, fait son entrée sous les lancers de fleurs. Voilà six mois qu’il était en prison, mais la Cour suprême de l’Inde vient de le libérer. « Merci à tous ceux qui luttent contre la dictature du BJP, lance le député depuis une petite tribune. Ils peuvent nous jeter en prison, mais pour quel crime ? Fournir une éducation de qualité, des soins, de l’eau, des bus gratuits, à 20 millions d’habitants de Delhi ? Ce soir, l’heure n’est pas aux réjouissances mais au combat ! ».Le combat, c’est celui pour la libération d’Arvind Kejriwal, icône politique et fondateur de l'AAP, lui aussi emprisonné en mars pour corruption par l’Enforcement Directorate. Ici, on ne croit pas une seconde aux accusations de cette agence, accusée d'être aux ordres du Premier ministre. Kejriwal va devenir un martyr, prédit Charan, 50 ans. « Les Indiens savent que Kejriwal est un homme intègre, qui est ciblé parce qu’il dérange. Tous les partis d’opposition font face à des menaces similaires, et c’est pour ça qu’ils sont venus à sa défense et vont s’allier contre Modi qui se comporte en dictateur. »Meeting unitaireCe dimanche, l’opposition affiche son d’unité dans la capitale. L’AAP mais aussi le parti du Congrès ou les partis régionaux DMK et TMC s’expriment devant des milliers de personnes. Autrefois rivaux, ils ont décidé de faire front commun au sein de la coalition INDIA. Dans plusieurs États, ils ne présenteront qu’un candidat par siège pour ne pas diviser les électeurs. « Mes amis, vous savez comme on peut truquer un match de cricket », lance la figure du parti du Congrès Rahul Gandhi, qui a lui été exclu du parlement pour diffamation. « Lors de ces élections, Narendra Modi s’est attribué le rôle d’arbitre. Dans notre équipe, avant même le début du match, des joueurs phares sont emprisonnés. »Parmi la foule, de nombreux militants de l’AAP qui brandissent des photos de leurs leaders sous les barreaux comme Ayushi, 41 ans. « Je redeviens militante après 5 ans parce que moi et mon mari sommes très inquiets. Je soutiens l’alliance INDIA qui rassemble des partis différents mais unis par la défense de notre Constitution. »Cette croisade démocratique peut-elle porter ? Tavleen Singh, analyste politique, en doute. « Les dérives autoritaires du gouvernement, les électeurs en entendent parler lors de chaque élection. De plus, les chefs de l'opposition, souvent des clans familiaux, sont loin d'être perçus comme des politiciens vertueux. »Des électeurs troublésSur le marché populaire de Sarojini Nagar, l’arrestation d’Arvind Kejriwal jette cependant un certain trouble. « J’ai toujours voté Aam Aadmi Party car ils ont amélioré les écoles et les cliniques pour les pauvres », explique un couturier musulman. « Les habitants de New Delhi vont continuer à soutenir Arvind Kejriwal. »Ram Singh, un policier à la retraite, votera Narendra Modi parce que « sa politique étrangère est bonne et qu’il développe les infrastructures ». Mais il confie apprécier Kejriwal. « Je ne sais pas trop pourquoi ils l’ont arrêté, on n'a toujours pas de preuve dans cette affaire ». D’autres affirment ne pas encore savoir pour qui ils voteront.Pawan Khera, responsable média du Congrès, est convaincu que Narendra Modi paiera son autoritarisme dans les urnes. « Il n’y a pas que Kejriwal. Le dirigeant du Jharkhand a été emprisonné. Nos comptes en banque ont été gelés. L’opposition va gagner, sinon dans 5 ans, vous serez renvoyé dans votre pays, et moi en prison. »Plusieurs études montrent des Indiens d’abord préoccupés par le chômage record. « La démocratie c’est abstrait, il faut parler de la vie quotidienne durant une campagne », juge Tavleen Singh. Entre la puissance triomphante mise en scène par Narendra Modi et la République au bord du gouffre décrite par l’opposition, les Indiens doivent trancher entre deux visions aux antipodes de leur pays.

2024-04-17 20:40:03 Lire l'article

Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie

Dans le nord du Ghana, une partie des réfugiés vivent dans le camp de Zebilla. Après avoir subi les traumatismes, ils vivent aujourd’hui en bonne entente avec les Ghanéens. Parmi les déplacés, seule la communauté peule se sent parfois mise à l’écart. De notre envoyée spéciale,« Nous nous sentons vraiment déprimés. Nous avons fui ici, quittant nos foyers, nos biens, et nos bétails, et nous nous retrouvons ici dans ce camp. Et nous avons vraiment peur de retourner chez nous, de peur qu’ils reviennent nous tuer… »À 72 ans, Keke (nom d’emprunt) espérait ne pas avoir à fuir son village près de Bitta au Burkina Faso. Il a dû s’y résigner après avoir vu des voisins mourir devant lui. Arrivé au Ghana, il est accueilli dans une famille d’accueil dans le nord du Ghana, et a ensuite été approché par les autorités ghanéennes et le HCR pour être installé dans un vaste camp de réfugiés. « En réalité, ces personnes n’ont pas le statut de réfugiés, mais ils sont enregistrés pour une attestation. Actuellement, plus de 3 000 Burkinabè au Ghana sont dans ce cas », explique à RFI Tetteh Padi, directeur du Ghana Refugee Board (GRB), l’Agence ghanéenne pour les demandeurs d’asile. C’est à quelques kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso, près de la ville de Zebilla, dans le nord-est du Ghana, que des centaines de tentes ont été placées pour accueillir environ 4 000 personnes, et accueille aujourd’hui plus de 1 000 réfugiés qui ont fui les violences au Burkina Faso. Keke n’est pas le seul réfugié du camp. Comme lui, Seone (nom d’emprunt) vient aussi de la zone de Bitta, avec ses sept enfants et son mari. Elle se souvient d’avoir vu ses deux voisins être assassinés par des attaquants au visage masqué.Sugurunoma (nom d’emprunt) vient de la zone de Soudougui. Elle a vu une vingtaine de personnes de sa famille élargie se faire tuer lors d’une attaque. Alors enceinte, elle dit avoir quitté Bitta à pied. Au troisième jour de marche, elle a accouché. Elle a réussi à venir au Ghana avec toute sa famille de sept enfants.Pour ces réfugiés, le camp de Zebilla est un havre de paix. Ils y sont nourris et logés. Seulement, ils se plaignent du manque d’activité. Pour l’instant, ils n’ont même pas de champ à eux et n’ont aucune activité. Le Ghana Refugee Board a indiqué à RFI que des terres agricoles ont été acquises pour les réfugiés pour qu’ils puissent avoir des revenus agricoles. Des projets sont en cours pour donner du bétail à ces réfugiés, leur faire développer divers métiers (coiffure, mécanique, etc). Une aide pour le commerce a commencé, ajoute le GRB.Mais aujourd’hui, de nombreux réfugiés sont des femmes, des enfants et des vieillards. Les hommes ont pour beaucoup été tués lors des attaques, ou bien sont partis travailler ailleurs, sans toujours se rapprocher des services comme le GRB ou le HCR. Et au Ghana, la plupart des déplacés vivent dans des familles d’accueil. Le GRB estime qu’environ 15 000 Burkinabè ont fui les violences dans leur pays pour rejoindre le nord du Ghana. Un autre camp, équivalent à celui de Zebilla, vient d'être construit à Zini, dans le nord-ouest du pays.Mixité avec les Ghanéens« Quand nous sommes arrivés au Ghana, ce n’était pas facile pour les Ghanéens. Ils ont eu peur que les attaquants nous suivent et arrivent jusqu’à chez eux. Mais ils ont aussi pris pitié de nous, certains ont même cuisiné pour nous », se souvient Seone.Seone et les autres réfugiés ont vécu la même expérience lors de leur arrivée dans le camp de Zebilla, situé près du village de Tarikom. Ses 2 600 habitants, d’abord curieux et contents, ont eu rapidement peur que l’installation de ces Burkinabè ne soit source d’insécurité. « Mais les services de sécurité du Ghana, le chef de la sécurité, et même la sécurité de la présidence sont venus ici, et les villageois ont été rassurés », explique Isaac Angonwin, le « District Assembly Representative » de Tarikom, une sorte de leader communautaire élu. Aujourd’hui, « les enfants vont à l’école tous ensemble : les demandeurs d’asile et les villageois ! La clinique que nous avons ici est à la fois pour les réfugiés et la communauté. Nous faisons tout en commun ! », ajoute-t-il.À Tarikom, les Ghanéens, par humanisme, ont accepté de donner leurs terres aux réfugiés. « J’ai eu pitié de ces gens quand j’ai appris qu’ils avaient besoin de ces terres pour leur permettre de s'installer », se souvient Abambilla Awale, le « land priest » de Tarikom. La plus belle preuve d’intégration vient souvent des enfants. Les jeunes réfugiés parlent déjà le Kusaal après moins d’un an dans le nord Ghana. Au milieu du camp, une vingtaine d’enfants - villageois et réfugiés - se sont placés en deux rangées. Au top, un jeune de chaque équipe essaye d’être le premier à attraper la bouteille d’eau vide au milieu du terrain. L’arrivée des réfugiés a été bénéfique pour le moment pour le village. Elle a même permis d’étendre le réseau d'électricité de Tarikom et d’améliorer la clinique. Mais les villageois espèrent ne pas être laissés pour compte face aux réfugiés, qui n’ont par exemple pas de problème de nourriture. Eux-mêmes déjà pauvres, ils ont pourtant donné des terres aux réfugiés par fraternité. Mais ils souhaitent plus d’aide de la part des organisations internationales, ou encore une extension de leur électricité ou de la clinique, qui accueille aussi les déplacés maintenant.Des Peuls qui se sentent marginalisés Une communauté se sent pourtant mise à l’écart par le Ghana, c’est la communauté peule. En juillet 2023, l’association des Peuls au Ghana, Pulaaku international Ghana, avait dénoncé le fait que des centaines de Peuls - dont des femmes, des enfants et des vieillards - avaient été forcés de retourner au Burkina Faso. Ces personnes étaient pourtant venues au Ghana fuyant les violences au Burkina.Au-delà de l’association, un reportage de la Deutsche Welle avait aussi soutenu cette idée que seuls des Peuls ont été rapatriés vers le Burkina Faso. « On a été invités à discuter avec les forces de sécurité. Nous nous sommes assis et nous avons délibéré et ils ont accepté leur faute. Et c'est à ce moment-là qu'ils ont arrêté l’opération », se souvient Yakubu Musah Barry, secrétaire général de Pulaaku international Ghana. M. Barry ne cesse de plaider pour une meilleure intégration de sa communauté souvent marginalisée.Le HCR avait dénoncé le renvoi de réfugiés du Ghana, ne mentionnant pas d'ethnie dans son communiqué de presse. (cf UNHCR). Le gouvernement avait réfuté toutes ces accusations de stigmatisation, et expliqué dans un communiqué du 13 juillet 2023 qu’il s'agissait d'un « processus de rapatriement » « conforme aux protocoles internationaux » institué « pour faciliter le mouvement des Burkinabè qui souhaitent retourner dans leur pays. » M. Padi du Ghana Refugee Board, répond quant à lui que « ce sont les services de sécurité qui connaissent les personnes qui ont été renvoyées. Nous, au Ghana Refugee Board, nous enregistrons les personnes autorisées par les forces de sécurité à être enregistrées ». Dans le camp de Zebilla, au moment du reportage en février 2024, aucun Peul n’était présent parmi les déplacés. La question des Peuls, ce peuple majoritairement nomade, est délicate en Afrique de l’Ouest. Souvent associés dans l'imaginaire collectif aux violences et au jihadisme extrémiste au Sahel, les Peuls n'en restent pas moins des victimes de ces mêmes violences.

2024-04-23 20:00:03 Lire l'article

Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationales

L’Ouganda, pays de plus de 48 millions d’habitants, héberge la plus grande population de réfugiés du continent africain avec plus d’1,6 millions de personnes enregistrées. La raison : une politique d’accueil et d’ouverture des frontières unique au monde en place depuis plus de 60 ans. Un modèle qui n’a jamais été remis en question malgré les crises sociales, politiques, économiques qu’a vécues le pays, mais qui aujourd’hui est en danger. La multiplication des crises mondiales remet en cause son financement alors que le flux de réfugiés ne se tarit pas. Chaque jour, des Congolais qui fuient les conflits dans l’Est ou des Soudanais victimes de la guerre traversent la frontière avec comme espoir de trouver enfin la paix. « Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationales », un Grand reportage de Paulina Zidi.

2024-04-02 20:00:03 Lire l'article

Un fauteuil à Sciences Po

Selon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur, à la rentrée 2021, on comptait 51 000 étudiants en situation de handicap dans les établissements d’enseignement supérieur publics, soit 2,2 % de l'ensemble des étudiants. Face aux difficultés, beaucoup abandonnent leurs études. Laurence Théault a suivi Eymerick Truffert dans son quotidien à Sciences Po. Diaporama

2024-04-24 20:00:03 Lire l'article

LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Camp Boiro, dans l’enfer du goulag tropical ET Décarboner l’industrie sidérurgique, un enjeu crucial pour la Slovaquie

Camp Boiro, dans l’enfer du goulag tropicalC’était il y a 40 ans, jour pour jour, en Guinée. Après avoir renversé le régime de Sékou Touré, l’armée libérait les prisonniers des camps d’internement. Le pays découvrait alors, effaré, les récits des victimes du système répressif mis en place sous la première République. Aujourd’hui, il reste une poignée de ces survivants. Un Grand reportage de Matthias Raynal qui s'entretient avec Patrick Adam. «Décarboner l’industrie sidérurgique, un enjeu crucial pour la Slovaquie»2050, c’est la date que s’est fixée l’Union européenne pour parvenir à la neutralité carbone. Mais avant la réalisation de l’étape suprême du Pacte vert en 2050, l’Union européenne impose aux 27, de réduire dès 2030 leurs émissions de gaz à effet de serre, de 55% par rapport au niveau de 1990. Pour atteindre cet objectif, la Slovaquie comme tous les pays européens, est engagée dans un processus de décarbonation de son industrie.Un Grand reportage de Sylvie Noël qui s'entretient avec Patrick Adam.

2024-04-06 09:00:03 Lire l'article

LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New Delhi ET Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autres

Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New DelhiD’un côté, L’Aam Aadmi Party, dont le dirigeant emprisonné est érigé en martyr politique. De l’autre, le BJP qui veut conserver la capitale. En se posant en gardienne de la démocratie, l’opposition espère infliger une sanction symbolique à Narendra Modi dans la capitale. Reste à voir si cette thématique mobilise des électeurs inquiets du chômage. Un Grand reportage de Côme Bastin qui s'entretient avec Patrick Adam.Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autresPeut-on considérer la prostitution comme un métier ? En Belgique, la réponse est oui ! Le royaume est devenu, en 2022, le deuxième pays au monde, après la Nouvelle-Zélande, à décriminaliser le travail du sexe... Une politique particulièrement souple, qui permet aux travailleuses et aux travailleurs du sexe d’exercer en toute légalité avec un statut d'autoentrepreneur et de bénéficier de droits sociaux. Les prostituées, qui sont très majoritairement des femmes, pourraient même à terme devenir salariées...Un Grand reportage de Laure Broulard qui s'entretient avec Patrick Adam. 

2024-04-20 09:00:02 Lire l'article

États-Unis-Mexique: la frontière, éternel enjeu électoral

Aux États-Unis, la campagne pour les élections générales de novembre prochain a commencé. Le camp républicain et le camp démocrate échangent coup pour coup. Comme à chaque scrutin, le bilan économique du président sortant est critiqué par ses adversaires. Mais rien n’occupe autant de place que la question de la gestion de l’immigration. La gestion de la frontière avec le Mexique est jugée calamiteuse par Donald Trump et son parti qui en ont fait un thème central de la campagne. Comment cela est-il vécu par ceux qui côtoient au quotidien cette frontière ? « États-Unis-Mexique: la frontière, éternel enjeu électoral », c’est un grand reportage d’Aabla Jounaïdi et Julien Boileau.

2024-04-11 21:00:03 Lire l'article